Déjà passé par L’Echandole avec la formation Nik Bärtsch’s Ronin, Sha revient ici avec son premier disque solo Monbijou. Enregistré sous le pont du même nom en ville de Berne, il explore l’espace acoustique qui nous entoure. Entre bourrasques et percussions, Sha retranscrit sur scène cette atmosphère énigmatique grâce à l’utilisation insensée de sa clarinette basse et parfois au saxo.
« Avez-vous déjà entendu quelqu’un profiter de l’espace qui l’entoure ? C’est désormais possible. Enregistré dans le vaste intérieur creux du pont en poutrelles Monbijou à Berne, le premier solo de Sha – juste lui à la clarinette basse, un peu de saxo – vous attire dans un espace acoustique et social littéralement hors du commun.
L’intérieur d’une poutre en caisson n’a aucune utilité. Il n’a d’autre fonction que de créer un extérieur, de soutenir la structure du pont, de supporter son trafic. Le corridor de plus de 300 mètres du pont de Monbijou, faiblement ou pas du tout éclairé, n’est pas un espace ouvert au public, ce n’est même pas une pièce au sens social du terme. Il y fait froid, il y fait sombre et le seul bruit qu’on y entend est le faible grondement du trafic motorisé qui le traverse. La décision de Sha d’enregistrer à cet endroit donne quelques indices sur ce que ce type de performance en solo a à offrir dans un cadre encore plus familier.
« Je n’ai jamais pensé à jouer en solo. Pour moi, faire de la musique a toujours été une affaire de communauté, quelque chose que l’on essaie de créer ensemble, en tant que groupe. » Sha
Sha : clarinette basse, saxophone
Son : Tobias Stritt
© Crédit photo Christian Senti
Dans Closer, son dernier album, le violoniste zurichois oscille entre expositions extatiques et moments de pulsations calmes. Son orchestration du violon et des machines électroniques dépeint des paysages rêveurs et cinématographiques.
Closer, le deuxième album du compositeur et violoniste Tobias Preisig, est une collection de vignettes détaillées – des compositions qui ressemblent à des photos prises avec de multiples expositions, prismatiques et stratifiées. Il s’agit d’une œuvre très intime, non seulement en termes de sujet, mais aussi dans la façon dont le violon est joué et dans la manière dont il est rendu. On a l’impression qu’il a été enregistré en « macro » : chaque son est détaillé et rapproché.
Ce disque est la deuxième partie d’un triptyque conceptuel. Cette fois-ci, Preisig a décidé d’explorer une question très simple : à quoi ressemble l’ordinaire ? Ou, pour reprendre ses propres termes : « que ressentez-vous lorsque vous marchez dans votre quartier, encore et encore ? Comment pourriez-vous aborder cette question en utilisant le son ? Et, avec cela, articuler la vraie valeur de quelque chose que l’on pourrait tout aussi bien considérer comme acquise ? ».
L’album a été écrit et enregistré dans un studio « à la maison ». Aussi courant que cela puisse être de nos jours, l’expérience était nouvelle pour Preisig, qui avait enregistré tous ses disques jusqu’à présent dans des studios officiels. Si vous écoutez attentivement, vous entendrez les sons de la vie quotidienne en arrière-plan : la famille et les voisins vaquant à leurs occupations. Chaque morceaux comporte également une couche d’enregistrements de terrain. Selon Preisig, « ces enregistrements sont comme l’apprêt d’une toile. Vous n’en êtes peut-être pas conscient lorsque vous écoutez, mais si je les mettais en sourdine, vous sentiriez immédiatement qu’il manque quelque chose ».
La majorité de ces enregistrements ont été réalisés au cours de longues promenades dans la ville, qui sont devenues un rituel quotidien pour le compositeur et font partie intégrante du processus de composition. Il poursuit : « Ce disque est un rapport intime de quelqu’un qui marche dans la ville. À chacune de ces promenades, on apprend à mieux connaître cet endroit ».
Tobias Preisig : violon, machines
Son : Tobias Stritt
© Crédit photo Rafael Palacio Illingworth
Voir l’interview du 12h45 – RTS, 27.04.23